Après notre périple irlandais au printemps, nous avons cet été mis le cap sur le Nord de l’Espagne, en Cantabrie et Asturies.
Notre intérêt pour ce périple tenait aux bons échos d’amis qui s’y étaient déjà rendus, au fait de pouvoir profiter de la mer et de la montagne, et aussi à la facilité du trajet pour s’y rendre par autoroute, bien qu’un peu longuet depuis Brest.
Cantabrie et Asturies sont, comme l’Irlande et la Bretagne bien verdoyantes et pour cause…, mais nous avons bénéficié de conditions météo globalement satisfaisantes durant ce séjour de deux semaines.
Les cartes ci-après permettent de localiser la plupart des lieux mentionnés par la suite dans le déroulement de notre périple. Voici donc un aperçu de notre voyage, avec quelques renseignements pratiques qui pourront profiter aux prochains candidats au voyage dans ces belles provinces du nord de l’Espagne.
Jour 1 (27 juillet) : Nous quittons notre domicile de Locmaria-Plouzané (entre Brest et Le Conquet) en fin de matinée. En soirée nous ferons une halte sur l’aire de repos de Onesse-Laharie (environ 80 km de Bayonne) et y passerons la nuit, bien au calme.
Jour 2 : Nous reprenons l’autoroute jusqu’au niveau Santander que nous atteignons en début d’après-midi (1050 km et 55 euros d’autoroute depuis Brest). Santillana del Mar, petite cité médiévale de caractère, constitue le véritable point de départ de notre séjour. Ensuite, un parcours côtier nous conduit à notre premier « bivouac » en terre espagnole, sur un petit parking au pied du phare de Suances (tranquillité et jolie vue sur mer garanties, bon plan).
En parcourant la cité médiévale de Santillana del MarParés pour la nuit au pied du phare de SuancesJour 3 : Le soleil de la veille a laissé place à la pluie. Nous nous rendons tout près de là aux grottes d’Altamira, classées au Patrimoine mondial de l’humanité. En voyant la file de ceux qui patientent à l’entrée sous la pluie, nous renonçons à la visite et prenons la direction de Comillas, avec un arrêt à Novales (village réputé pour la culture de citrons). Arrivés en début d’après-midi à Comillas, nous nous installons au camping (agréable et bien tenu) situé tout près du centre historique. Notre tour de la vieille ville, charmante, se termine dans un petit bar à Tapas sur la Plaza de la Constitution. Comillas, célèbre station de villégiature de l’aristocratie provinciale au 19ème, est fréquentée par les touristes, mais de façon moins envahissante qu’à Santillana del Mar, ce qui n’est pas pour nous déplaire.
Gaudi a aussi oeuvré à Comillias, pas uniquement en Catalogne Jour 4 : Nous refaisons volontiers un petit circuit dans la ville avant de poursuivre vers l’ouest par la route côtière qui longe de petites rias et des zones inondables classées au sein d’un parc naturel. Arrêt pique-nique au port de San Vicente de la Barquera et visite de la ville haute historique (étape agréable). Poursuite du parcours vers Llanes, avec une très jolie portion de route passant par Pechon (CA 380). Llanes est une station balnéaire dans laquelle nous ne nous attarderons pas très longtemps. A la recherche d’un site pour la nuit, nous trouvons notre bonheur sur la jetée bordant une ravissante petite ria, à proximité du monastère de San Antolin. Le lieu est interdit aux camping-cars, mais, à la tombée de la nuit, la Guardia civil en patrouille ne trouve rien à redire à notre présence. Très bon plan pour passer la nuit, en évitant de lever le toit compte tenu de l’interdiction clairement signalée.
Point de vue sur le port de San Vicente de la Barquera, du haut de la ville historiqueUn pêcheur sur la route de Pechon !Une ravissante et appétissante petite crique Port de Llanes, quand une digue de protection se transforme en oeuvre d'artLe monastère de San Antonin dans son écrin naturelJour 5 : Sur les conseils d’un autre couple de français rencontrés le matin même sur la cale, nous partons voir les Bufones de Pria, près de Belmonte, à une douzaine de km. Dans un paysage minéral sauvage, les Bufones sont une sorte de crevasses par lesquelles le bruit des vagues remonte et l’eau de mer jaillit par forte houle. Cela se produit surtout l’hiver, mais ce site à hautes falaises vaut de toute manière le coup d’œil.
Passage rapide à Ribadesella qui ne nous inspire pas vraiment (peut-être à tort), d’autant que la circulation y est importante et les parkings saturés.
Bien que la météo ne soit pas très engageante, nous décidons alors de faire une première incursion en montagne en nous rendant au sanctuaire de Covadonga, via Arriondas (capitale asturienne du canoë-kayak) et Cangas de Onis. A quelques km de Covadonga, de grands panneaux signalent la présence de parkings-relais répartis sur la portion restant à gravir jusqu’à la basilique. Il doit y avoir foule là-haut et l’on se dit alors que, si c’est vraiment le cas, on fera l’impasse sur la basilique et l’on montera jusqu’aux lacs Enols et de la Ercina qui se situent à une douzaine de km de Covadonga. Double surprise : d’une part on arrive sans encombre jusqu’à un petit parking au pied de la basilique où l’on se gare sans difficulté ; d’autre part, on se voit interdire la montée aux lacs, possible seulement par des navettes payantes (8 euros) ou a pedibus durant la période estivale.
La pluie paraissant bien installée, nous revenons vers la côte par Monte del Fito (jolie vue sur la montagne et la mer, malgré les conditions). Nous empruntons ensuite le bord de mer via La Isla, Lastres (joli petit port), Selorio, avant de rechercher un site pour la nuit du côté de la plage de Rodiles. Nous trouvons notre bonheur sous la forme d’un grand parking enherbé, tout près de plage. Une quinzaine d’autres « bivouaqueurs » y sont installés mais il y a suffisamment de place et aussi des commodités : douches (eau froide) et sanitaires publics (très propres, mais ouverts uniquement de 10 à 19h00). Villaviciosa étant à une douzaine de km de là, nous partons y passer la soirée. Une ville au fond d’une ria protégée qui nous a bien séduits.
La côte sauvage de Pria avec ses Bufones L'imposante basilique de Covadonga dans la bruinePetite éclaircie au passage du col de Monte del FitoLastres vu de son portMaisons blasonnées de la jolie petite ville de VillaviciosaJour 6 : Après une nuit des plus tranquilles, nous allons faire une balade sur cette belle plage de Rodiles, limitée par deux petits caps et bordée d’un bois d’eucalyptus. Il fait grand soleil, annoncé aussi pour le lendemain. Ce sont de bonnes conditions pour partir faire le tour des fameux Picos de Europa, alors on y va !
Nous effectuons un joli parcours de Rodiles à Potes, via Cangas de Onis et Panes (traversée des gorges du Cares et du défilé de la Hermida). A défaut de pouvoir s’installer au camping de Potes qui est complet, nous accédons à celui de Torieno à quelques km de là (très bon accueil en français et prestations correctes). En soirée, nous découvrons Potes, gros bourg de montagne typique et touristique qui ne manque pas de charme. La relative fraîcheur du soir est la bienvenue car il a fait 37°C l’après-midi.
Vue lointaine sur la plage de RodilesSur la route des Pics de l'EuropePotes, gros bourg typique de montagneLe cidre, boisson emblématique des AsturiesJour 7 : Nous décidons de monter jusqu’à Fuente Dé sans savoir encore si nous allons prendre le téléphérique pour approcher de plus près les Pics de l’Europe. Arrivés sur place, la réponse ne se fait pas attendre car il faut à notre avis 2 à 3 heures d’attente pour embarquer dans le téléphérique. Quoiqu’il en soit, la montée valait le déplacement. Nous apprendrons le lendemain, en rencontrant d’autres bretons (ils sont partout ces bretons !), qu’il vaut mieux monter en fin d’après-midi avec la possibilité de passer la nuit au camping de Fuente Dé (bon plan d’après eux).
Nous poursuivons le contournement des Picos par la nationale (N621) avant de bifurquer, à hauteur de Portilla de la Reina, vers le col de Pendetrave (LE 243). La route n’est pas très large mais praticable, les paysages sont très beaux et la vue au sommet du col est absolument splendide. Nous poursuivons par la descente vers Posada de Valdeon puis rejoignons la nationale (N625) en empruntant le col de Panderruedas. La descente vers Cangas de Onis par le défilé de Los Beyos offre d’autres paysages également remarquables.
Nous décidons de revenir passer la nuit à Rodiles et là, nous comprenons pourquoi le parking est si grand ! Etant plus tôt à arriver que la fois précédente, le parking est bondé, les alentours également, et la plage noire de monde. Deux heures plus tard nous retrouvons la tranquillité de la première nuit. Conclusion : bel endroit à fréquenter en dehors des heures de bronzage.
Fuente Dé, au pied des Pics de l'EuropeMagnifique vue sur les Picos, à partir du col de PendetraveUn horreo, comme on peut en voir des centaines dans ces provincesJour 8 : Quoi de mieux qu’une belle balade sur la plage pour démarrer la journée (pas assez téméraires pour un bain matinal !). Puis, après un arrêt ravitaillement à Villiacidosa nous reprenons la route littorale, cap à l’ouest : Tazones, Quintes, Playa de Espagna, contournement de Gijon par l’autoroute, Candas, Luanco, Cabo de Penas avec visite du petit musée maritime (modeste mais instructif), Banugues, Pades… Nous repérons de possibles sites nocturnes près de plages, encore très fréquentées à l’heure où nous les passons. Prévoyant de visiter Aviles le lendemain, on se dit qu’il y a peut-être un bon plan près du phare de San Juan de Novia, à l’entrée de l’estuaire d’Aviles. C’est là que nous déchantons à l’approche d’Aviles en apercevant le complexe industriel qui l’environne et en traversant une zone plutôt glauque pour se rendre au phare. Vu l’heure avancée, on se dit alors qu’il vaut mieux rebrousser chemin vers l’une des plages croisées auparavant. Pour couronner le tout, il se met à pleuvoir et, de ce fait, on s’arrête tout près de là à la plage de Xago fréquentée par les surfeurs.
Bienvenue au Cabo de Penas et à son petit musée maritimeLa vue à partir des caps est toujours grandioseJour 9Le réveil sera laborieux car nous avons passé une partie de la nuit à batailler avec des moustiques et nous découvrons que l’endroit n’est pas franchement propre. Conclusion : chercher un site suffisamment éloigné d’Aviles pour passer la nuit.
La journée s’annonce donc difficile, ce sera tout le contraire ! Aviles a certes un abord assez repoussant, mais quelle belle ville ! Nous avons passé la majeure partie de la journée à parcourir la vielle ville avec ses jolies places, ses rues à arcades (notamment la rue Galiana), son joli parc de Ferrera, et le centre culturel Niemeyer... Et pour agrémenter le tout, c’est là que nous avons recueilli la meilleure documentation sur les Asturies (très bon accueil à l’Office du Tourisme), mangé les meilleurs gâteaux (spécialité aux amandes), bu le meilleur café et apprécié un bon petit repas traditionnel sur la Plaza del Carbayo, bien au calme. En résumé, à Aviles nous aurons connu la plus mauvaise nuit (c’est déjà oublié) et l’une des plus belles journées (et là, nous ne sommes pas prêts d’oublier) de notre séjour.
En fin d’après-midi nous reprenons la route pour nous rendre au camping de Cudillero, à El Pito (agréable et bien tenu). La douche à l’arrivée conclura de fort belle manière cette belle journée.
Aviles, ses rues à arcadesAviles, à l'heure de la sieste Aviles, à proximité de la place d'EspagneAviles, son Centre culturel international Oscar NiemeyerAviles, l'envers du décorJour 10 : Le soleil est au rendez-vous et nous projetons de poursuivre notre parcours côtier jusqu’à Luarca qui sera notre terminus vers l’ouest. Notre première halte sera pour Cudillero, village de pêcheurs construit à flanc de falaise. Nous poursuivons par un passage au Cabo Vidio qui offre de jolis points de vue, et au Cabo Busto que nous avons préféré. A Luarca, petite ville où le tourisme balnéaire se développe, nous avons apprécié le port et son activité de pêche côtière.
A ce stade de notre périple, se pose la question de savoir si nous allons faire un nouveau périple en montagne (Parc naturel de Somedio), avec un retour par Oviedo (capitale des Asturies) ou rebrousser tranquillement chemin. Compte tenu des temps de parcours en montagne et de la météo incertaine annoncée pour les jours suivants, nous retenons la seconde option avec, dans l’immédiat, un retour au camping de Cudillero.
Le port de pêche de LuarcaPar-dessus les toits de CudilleroDéco marine à CudilleroJour 11 : En quittant le camping, nous passons par la très belle plage de Aguilar, déjà surpeuplée en début de journée. Après avoir volontairement fait l’impasse sur Gijon à l’aller, nous décidons d’y passer pour visiter la Cimadevilla (plus ancien quartier de la ville). L’arrivée par l’autoroute se fait sans encombre et nous stationnons sans difficulté aux abords du port de plaisance. Pas désagréable la visite de la Cimadevilla, mais nous ne nous y attardons pas. Nous nous rendons jusqu’au Centre culturel Laboral qui tient lieu également d’Université. Cet ensemble architectural gigantesque et franchement insolite, que l’on voit de toute part autour de Gijon, a été bâti sous l’ère franquiste pour y accueillir les orphelins de mineurs, ce qui ne sera jamais le cas.
Dans l’après-midi nous reprenons l’autoroute jusqu’à Nueva où nous sortons pour une petite boucle en montagne. Nous touchons de près la vie authentique en montagne asturienne. Très petites routes, fermes isolées, bétail en liberté…, c’est beau mais le ciel (et les vautours qui tournoient au-dessus de nous !) nous commande de ne pas trop nous attarder. Nous repassons à Llanes pour quelques vivres et trouvons un sympathique site nocturne sur un petit parking surplombant la Playa de la Ballota où nous passerons une nuit très tranquille.
L'arbre à bouteilles, de cidre bien entendu, à l'entrée de la Cimadevilla de GijonAperçu du grandiose ensemble architectural Laboral de GijonAprès la ville, retour à la campagneDe notre site nocturn e de la plage de la Ballota, avec son petit air de baie d'HalongJour 12 : Le crachin s’est invité pour cette nouvelle journée. Ayant manqué les Bufounes de Arenillas (entre Puertas et Vidiago sur la N 634) à l’aller, nous décidons de nous y rendre. Nous retrouvons des paysages identiques à ceux de Pria mais les Bufones y sont plus imposants et l’on peut y entendre auprès de l’un d’eux l’air qui s’en échappe, faisant penser au souffle d’une baleine (impressionnant !).
Nous décidons ensuite de nous rendre à Santona, sur la côte à l’est de Santander. A quelques km de Santona, à Escalante, nous nous arrêtons pour un pique-nique près d’un moulin à marée (Molino de Cerroja). C’est là que nous viendrons passer la nuit, en toute tranquillité, au sein même de la réserve naturelle des marais maritimes de l’estuaire de l’Ason.
Santona vit essentiellement de la pêche et sa production d’anchois est réputée dans tout le pays. Nous avons beaucoup aimé l’atmosphère de cette ville ainsi que l’exposition consacrée à la réserve naturelle des zones humides environnantes. Nous en repartirons évidemment lestés de quelques boîtes d’anchois.
A l'écoute du souffle de la baleine, sur le site des Boufones de ArenillasRace locale de chevauxEtape nocturne près du moulin à marée de Cerroja Le port de pêche de SantonaLa préparation des anchois n'est pas qu'industrielle Jour 13 : Lever aux cris des Courlis et divers autres limicoles qui fréquentent les vasières, puis nous reprenons la route avec une incursion dans le pays basque (entre Bilbao et San Sebatian), avant de retrouver l’autoroute peu après Deba.
Nous regagnons la « frontière » en fin d’après-midi et passons la nuit au camping municipal de Castets, dans les Landes (correct et surtout pratique car proche de l’autoroute).
Jour 14 : Une halte nocturne à Clisson (25 km au sud-est de Nantes) nous fera terminer de belle manière ce séjour… avec un parfum d’Italie ! Après un bon resto et une nuit au camping (agréable et bon accueil), nous nous apprêtons à boucler la boucle.
Clisson, sur le chemin du retour, à voir et à revoirJour 15 (11 août) : Dernière étape avec une arrivée à Brest dans le sillage de l’Hermione en escale à Brest pour une semaine (retour historique des Amériques !).
Au final, nous aurons passé plus de temps à la côte qu’en montagne. La prochaine fois nous ferons l’inverse et nous nous ferons un plaisir d’aller sillonner les parcs naturels qui se situent majoritairement dans le sud de ces deux provinces.
Quelques derniers commentaires :
- Bien qu’en haute saison, la pression touristique est supportable à cette période de l’année, en dehors de quelques stations balnéaires et de villes très touristiques.
- Les espagnols sont des adeptes de la plage, aussi les plages accessibles à proximité de villes sont très prisées. Mais il existe sur cette côte découpée de petites plages beaucoup plus tranquilles.
- Même par temps calme il y a de la houle, ce qui fait le bonheur des surfeurs mais pas toujours celui des baigneurs.
- Il est très facile de trouver un site pour la nuit en pleine nature, que ce soit au bord de la mer ou en montagne et la formule semble bien tolérée.
- Nous n’avons pas compté le nombre de combis T5, T4…et autres membres de la famille WV que nous avons croisés, mais qu’est-ce qu’on en a vu !
- Nous n’avons pas non plus compté le nombre de pèlerins qui se rendaient à Saint-Jacques de Compostelle…sinon on prenait le risque de s’endormir au volant.
Il ne nous reste plus qu’à souhaiter bonne route aux prochains candidats à visiter ces belles régions de Cantabrie et des Asturies.